La magie du cinéma réside dans le maquillage

Il est vrai que le maquillage contemporain et le cinéma sont nés à peu près en même temps. Cependant, ce n’est que lors de la partie parlante de l’émission que les acteurs sont exposés aux studios et à leur nuée de maquilleurs et de costumiers.  » Antoine Sire, l’auteur de Hollywood, la cité des femmes, sortira son nouveau livre en octobre chez Actes Sud.

Le premier est une usine à fantasmes dont les stars idéalisées sont Greta Garbo et Joan Crawford. Le second film est plus réaliste, avec Bette Davis comme ambassadrice de l’ambassade capable d’endosser un rôle. »

Ces studios, que les historiens comparent aux Google et Facebook d’aujourd’hui, ont le pouvoir d’imposer leurs normes aux générations successives de spectateurs. Joan Crawford, Greta Garbo et Rita Hayworth sont toutes réimaginées comme la femme américaine parfaite, tandis que Rita Hayworth est transformée en l’énigmatique Guêpe. Des actrices comme Barbara Stanwyck, Veronica Lake et Audrey Hepburn ont influencé l’industrie de la mode.

Ingrid Bergman et Ava Gardner, par exemple, y ont résisté, avec leurs visages presque nus et leur refus de la dissimulation.

D’une apparence physique repoussante à une élégance séduisante

À cette époque, de nombreux drames se concentrent sur les transformations physiques des actrices, et le maquillage joue un rôle important dans l’intrigue. Joan Crawford joue dans Il était une fois (A Woman’s Face, 1941) de George Cukor le rôle d’une femme défigurée qui retrouve sa beauté grâce à la chirurgie. Le film Une femme cherche ses destinées (1942) d’Irving Rapper dépeint la transformation de Bette Davis, d’un personnage peu attrayant à un beau sex-symbol après un séjour dans une maison de repos.

Antoine Sire souligne que « Bette Davis est aussi l’héroïne d’un sommet du maquillage de l’époque, La Vie privée d’Élisabeth d’Angleterre, en 1939, l’un des premiers films en couleur qui a établi la norme des souverains au cinéma. » Marilyn Monroe, avec ses lèvres rouges, son nez gonflé et ses cheveux teints, est peut-être la dernière des stars de l’âge d’or. Les actrices ont perdu leur air éthéré avec l’avènement de la télévision, et si Audrey Hepburn a marqué les esprits avec ses yeux charbonneux, elle n’a pas subi la même transformation radicale que ses contemporaines.

C’est à cette époque que l’image naturelle de la femme française est imposée à l’Europe par Brigitte Bardot dans Et Dieu… créa la femme (1956).

On peut dire qu’un autre domaine d’expertise des studios d’Hollywood, et notamment d’Universal, est le genre cinématographique fantastique. Dans ce cas également, la tradition remonte à Lon Chaney, « l’homme aux mille visages », qui se grimait à lui-même. Son interprétation dans Le Fantôme de l’opéra (1925), avec ses yeux bordés de noir et ses oreilles percées, est envoûtante.

Bela Lugosi, le légendaire acteur de Dracula qui apparaît sur la caméra de Tod Browning en 1931, ne fait pas exception. La même année, l’interprétation de Boris Karloff de la créature imaginée par Mary Shelley, Frankenstein, a été adaptée au cinéma par Jack Pierce, un maquilleur.

Depuis 1982, les Oscars décernent des prix pour les meilleurs maquillages

Au début du film, les producteurs préviennent les spectateurs qu’ils risquent de s’étouffer et qu’il est encore temps de quitter la salle. Frank Lafond, auteur du Dictionnaire du cinéma fantastique et de science-fiction (Vendémiaire) dit : « Les années 1930 sont l’acte de naissance du film fantastique avec une théâtralisation de l’apparence du personnage en perspective large et un jeu sur la lumière indissociable du maquillage. 

Trois décennies plus tard, La Planète des singes et sa troupe d’acteurs expressifs derrière une couverture de poils forment une autre production itinérante. En 1969, John Chambers et son équipe remportent un Oscar pour leur travail sur le film. « Frank Lafond note que l’aptitude de John Chambers au réalisme provient de son travail sur les prothèses militaires.

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Des figurines ont d’abord été utilisées dans la production, mais les résultats étaient moins impressionnants que lorsque des acteurs étaient utilisés. »

Pour une journée complète de visite, il faut compter six heures de maquillage

Depuis les années 1980, la frontière entre effets spéciaux et maquillage s’est estompée. Dans les films de science-fiction d’aujourd’hui, comme Avatar et le remake de La Planète des singes, on utilise la capture de performance. Dans L’Étrange Histoire de Benjamin Button (David Fincher), le vieillissement en 3D de Brad Pitt a nécessité non seulement cinq heures de maquillage quotidien, mais aussi des lunettes 3D.

En 2009, le travail de Greg Cannom a été récompensé par un Oscar. La même année, le film de Christopher Nolan, The Dark Knight, a été présenté en première mondiale, avec un Heath Ledger visiblement bouleversé dans le rôle du Joker. John Caglione Jr. et Conor O’Sullivan ont créé ce personnage.

L’Oscar du meilleur maquillage et de la meilleure coiffure revient cette année à Mad Max : Fury Road, de George Miller, qui a été président du jury du Festival en 2016. Lesley Vanderwalt, qui a reçu le prix, décrit le film comme « un carnaval de ce qui peut être fait en termes de maquillage au cinéma. » Scarifications, peintures de guerre, prothèses, tatouages, tout y passe.

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